Dépourvue de sa carapace de verre, la grande tour aux reflets argentés n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut en ce mitan de l’année 2060. Comme un ultime refuge, elle a fini par être prise d’assaut par des cohortes fuyant le Grand Réchauffement. Les effluves des fabriques de papier installées au nord, le long de l’ancien fleuve, continuent, elles, de donner à la cité arlésienne une odeur reconnaissable entre mille.
Rendez-vous mondial des féru•e•s de photographie, les Rencontres ont survécu aux catastrophes et demeurent. Si la centaine de milliers de privilégié•e•s qui s’y rendaient chaque année n’y vient plus, des images continuent d’être placardées sur les murs brûlés par les soleils ardents qui plongent la ville dans une fournaise permanente et insoutenable. Ces expositions sauvages rendent compte de la réalité sociale, environnementale, politique, culturelle et sociétale d’un monde qui n’est plus et qui ne parvient pas totalement à muter.